Fièvre hémorragique Crimée Congo : Radioscopie d’une pathologie contagieuse et mortelle

Un cas humain de fièvre hémorragique Crimée Congo a été confirmé au Sénégal. Le 21 avril 2023 au niveau du Centre hospitalier national Dalal Jamm de Guédiawaye, des prélèvements sur un sujet décédé, ont confirmé la pathologie. Cette donne a conduit à l’activation du Centre des Opérations d’Urgence sanitaire (COUS) par le ministre de la Santé et de l’Action sociale. Marie Khémesse Ngom Ndiaye a par ailleurs nommé le Dr Mamadou Moustapha Diop, Directeur de la Lutte contre la Maladie comme gestionnaire de cette crise.

La fièvre hémorragique de Crimée Congo est une maladie à déclaration obligatoire (RSI). C’est ce qui justifie la mise en alerte du système de santé par le Sénégal. Mais de quoi s’agit-il au juste?  Il s’agit d’une maladie contagieuse due à un virus transmis par des tiques. La Crimée Congo provoque des flambées de fièvre hémorragique sévère. La létalité peut tourner autour de 10 à 40%. Elle peut sévir à l’état endémique dans certains pays ou régions selon une fiche technique de la Direction générale de la santé publique.

Mode de transmission

Selon le document élaboré et rendu public juste après la déclaration, le réservoir de virus est constitué par plusieurs espèces d’animaux sauvages comme les rongeurs, les oiseaux (hérons, calaos) et les animaux domestiques (les bovins, les moutons, les chèvres). La contamination des animaux survient à l’occasion des piqûres par des tiques infectées. Le virus de la FHCC se transmet à l’être humain, soit par les piqûres de tiques, soit par contact avec du sang ou des tissus d’animaux infectés (abattage, mise bas, interventions vétérinaires, élimination de carcasses). Les cas se retrouvent en majorité chez des personnes travaillant dans le secteur de l’élevage, chez les exploitants agricoles, les employés des abattoirs ou les vétérinaires.

La transmission interhumaine peut survenir à la suite d’un contact direct avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de sujets infectés. Des infections peuvent survenir dans le milieu des soins (infections nosocomiales).

Signes et symptômes

La durée d’incubation dépend du mode de contamination. Après une piqûre de tique, elle est en général d’un (1) à trois (3) jours, avec un maximum de neuf (9) jours. Après contact avec du sang ou des tissus infectés, elle est en général de cinq ( 5) à six (6) jours, avec un maximum documenté de (treize) 13 jours, explique-t-on dans la fiche technique.

Le document renseigne, outre l’apparition des symptômes est brutale marquée par un syndrome douloureux (algique) fait de maux de tête (céphalées), douleurs musculaires (myalgies), douleurs articulaires (arthralgies); et d’un syndrome infectieux avec une fièvre à 39-40 C et des sueurs. « On observe parfois au début des nausées, des vomissements, de la diarrhée, des douleurs abdominales et un mal de gorge ». A la phase d’état (après une semaine d’évolution), des signes d’hémorragies peuvent survenir. Il peut s’agir de saignements du nez (épistaxis), des gencives (gingivorragies), ou du sang dans les vomissements (hématémèse), dans les selles (méléna) ou des parties génitales; ou de saignements sous la peau (purpura, petechies).

Des troubles de la conscience peuvent survenir à un stade plus avancé à type de d’agitation, de torpeur, de somnolence, de coma. La convalescence est longue et marquée par une faiblesse physique (asthénie) généralisée et persistante. La récupération est complète mais lente. La létalité peut survenir dans 10 à 40% des cas dans un tableau de choc hémorragique, de troubles neurologiques.

Diagnostic et traitement

S’agissant du diagnostic, la Direction générale de la santé note que les prélèvements sont constitués de sang, de salive, d’urines, ou de tissus (biopsies).  Le transport de ces prélèvements doit se faire avec un triple emballage. Le diagnostic de la FHCC se fait dans un laboratoire P4, suivant diverses techniques. Dans les cas mortels comme pour les patients dans les premiers jours de la maladie, le diagnostic repose sur la détection du virus ou de l’ARN dans les échantillons de sang ou de tissus. Chez l’homme, la prise en charge de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo doit être précoce et repose principalement sur le traitement des symptômes (réhydratation, transfusion sanguine, antalgiques, lutte contre les vomissements, etc.).

Comment prévenir de la Crimée Congo

La prévention au niveau des animaux procède par l’élimination des tiques, grâce à des techniques de déparasitage spécifiques utilisées par les services vétérinaires. Il n’existe pas de vaccins utilisables chez l’animal. Les conseils de santé publique comportent plusieurs volets. Il s’agit de la réduction du risque de transmission de la tique à l’homme. Il faut porter des vêtements protecteurs (manches longues, pantalons), porter des vêtements de couleur claire pour pouvoir facilement détecter les tiques, utiliser de produits chimiques (pesticides) sur les vêtements, utiliser des produits répulsifs sur la peau et les vêtements pour éloigner les tiques, hygiène rigoureuse de la peau et des vêtements (propreté), désinfection des enclos et des écuries.

Pour ce qui est de la réduction du risque de transmission de l’animal à l’homme, il faut aussi porter des gants et des vêtements de protection pour manipuler les animaux ou leurs tissus dans les zones d’endémie, en particulier au moment des abattages ou de la découpe dans les abattoirs ou à domicile. Il est aussi conseiller de mettre les animaux en quarantaine avant l’entrée à l’abattoir ou les traiter systématiquement deux semaines avant l’abattage.

Quant à la transmission interhumaine dans la communauté, elle se réduit en évitant tout contact physique rapproché avec les personnes infectées par la FHCC. Il faut porter des gants et un équipement de protection pour soigner les malades, se laver régulièrement les mains après avoir soigné des malades ou leur avoir rendu visite.

Les agents de santé qui soignent des patients présumés ou confirmés ou qui manipulent des échantillons prélevés doivent appliquer les précautions d’usage contre l’infection, parmi lesquelles, l’hygiène des mains, le port d’un équipement de protection individuel, la sécurité des injections et les enterrements sans risque, la manipulation prudente des échantillons prélevés sur des cas présumés de FHCC par du personnel formé travaillant dans des laboratoires suffisamment équipés.

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