Olivier Nduhungirehe, le ministre des Affaires étrangères rwandais, a confirmé sa présence à Dar-es-Salaam comme son homologue congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, arrivée jeudi soir tout droit d’une tournée en Europe, pointe notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix. L’objectif de ces premières réunions est de permettre aux deux organisations régionales d’accorder leurs violons, selon une source proche de l’EAC.
Jusqu’ici, elles ont mené des stratégies différentes avec le processus de Luanda entre le Rwanda et la RDC et celui de Nairobi autour des groupes armés. Mais aucune de ces stratégies n’a réussi à obtenir une paix durable dans l’est de la RDC.
Mais il est aussi question de prise de position : en effet, si aujourd’hui l’EAC met en avant la nécessité d’un dialogue entre le M23 et Kinshasa, la SADC a pour sa part clairement condamné l’offensive du M23 et des soldats rwandais en RDC, rappelle notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi. « Nous attendons de l’EAC qu’elle prenne ses responsabilités », explique un responsable congolais qui ajoute : « la charte de l’institution prévoit que les États fassent bloc si un des leurs est attaqué. C’est actuellement le cas : il faut donc qu’elle en tire les conséquences. »
« De ce sommet, nous attendons : un cessez-le-feu immédiat, le retrait sans condition des troupes rwandaises et leurs supplétifs, la réouverture de l’aéroport de Goma pour des raisons humanitaires et la remise de la ville à l’administration officielle », précise une source proche de la présidence. « On attend aussi des sanctions sévères à l’endroit du Rwanda », complète Tina Salama, la porte-parole de Félix Tshisekedi.
Parmi les points de tension à aborder selon le gouvernement rwandais, il y a le rôle de la mission de la SADC en RDC, explique notre correspondante à Kigali, Lucie Mouillaud. Une force qualifiée d’« offensive » par Kigali, qui demande son retrait ainsi que celui des troupes burundaises. La SADC avait de son côté, exprimé la semaine dernière son inquiétude face de récentes attaques du M23 et, précise un communiqué, de l’armée rwandaise contre des forces congolaises et la population civile. Si Kigali rejette les accusations de soutien aux rebelles, le gouvernement rwandais parle de mesures défensives à la frontière. Des mesures qui seront maintenues tant que la menace persistera, a affirmé cette semaine le ministre des Affaires étrangères devant le corps diplomatique au Rwanda.
Jeudi, l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, médiateur du processus de Nairobi, a envoyé un rapport aux deux organisations. Il espère qu’il servira de base de travail. Dans un communiqué, Uhuru Kenyatta estime « qu’une coordination étroite des négociations bilatérales entre le Rwanda et la RDC, ainsi que le dialogue intra-congolais et le processus de conférence » représentent la seule solution pour mettre un terme à la crise dans l’Est de la RDC. Contrairement aux déclarations de l’EAC la semaine dernière, Uhuru Kenyatta ne demande pas à Kinshasa d’amorcer un dialogue direct avec le M23. Cette exigence du Rwanda reste pour l’heure une ligne rouge pour la RDC.