RFI : Y a-t-il beaucoup d’enfants soldats au Soudan du Sud ?
Brendan Ross : Au Soudan du Sud, le nombre d’enfants soldats a baissé ces cinq dernières années. Selon nos estimations, il y a aujourd’hui moins de 100 enfants qui restent encore enrôlés dans les forces armées et des groupes armés. Mais la problématique actuelle au Soudan, comme dans beaucoup d’autres pays, à cause de la grande pauvreté, et à cause de décennies de guerre civile, il y a beaucoup de jeunes qui ont pris les armes, qui ont été enrôlés dans des gangs, et qui sont partie prenante dans différents conflits comme le vol de bétail ou des violences communautaires. C’est un des problèmes majeurs au Soudan aujourd’hui.
RFI : Pourquoi ces enfants se retrouvent embrigadés dans des forces armées ?
BR : Comme c’est le cas dans de nombreux conflits, les jeunes n’ont pas beaucoup d’opportunités dans leur vie, ils se battent pour leur scolarisation, ils n’ont pas d’alternatives. Ils voient les hommes et les garçons plus âgés participer à des conflits. Ils ne sont pas allés suffisamment longtemps à l’école. La plupart du temps, il n’y a pas de travail. Et donc, prendre une arme et combattre pour défendre leur communauté ou leur village, ou pour gagner un peu d’argent en se battant pour un homme politique, c’est ce qu’ils pensent être la meilleure opportunité pour eux. Beaucoup d’entre eux ont subi de nombreux traumatismes. Ils ont perdu leurs repères, leurs parents. Il y a donc beaucoup de facteurs qui mènent à s’engager. Mais vous savez, des garçons de 11-12-13 ans, quand ils voient leurs grands frères et les hommes en actions, ils les suivent.
RFI : Les enfants soldats ont-ils un rôle particulier dans les conflits ?
BR : Ils sont des soldats comme les autres. Dans certains cas, ils combattent en première ligne, dans d’autres, ils sont utilisés comme espions. Parfois, ils doivent remplir d’autres rôles comme cuisinier. Il y a plein de différentes tâches que les enfants sont forcés de faire. Mais les enfants n’ont pas leur place dans les forces armées ! Les enfants ont besoin qu’on garantisse leur droit à l’éducation, leur droit d’avoir une enfance, de jouer. Donc, cette journée internationale nous sert à nous réunir pour reconnaitre ce fait : chaque enfant contraint à prendre les armes voit ses droits violés. C’est une violation de leur enfance et ils vont en garder un traumatisme pour le reste de leur vie. Nous devons mettre fin à cette pratique, c’est à cela que sert cette journée.