DeepSeek, un « avertissement » pour l’IA américaine, selon Trump

La semaine dernière, peu après son investiture pour son second mandat, Donald Trump a annoncé un grand projet d’infrastructure d’IA impliquant notamment OpenAI et la société japonaise SoftBank, soulignant que la concurrence avec la Chine était l’une des principales motivations.
L’essor de DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT, avec des ressources limitées par rapport aux géants américains de l’intelligence artificielle générative, a ébranlé la Silicon Valley, suscitant des accusations de tricherie et des mises en garde de Davos à la Maison Blanche.
La sortie de R1, le dernier modèle de la start-up chinoise, a initialement reçu une attention limitée aux États-Unis, éclipsée par l’investiture de Donald Trump. Mais ce week-end, DeepSeek est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur l’App Store américain d’Apple, supplantant ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui a lancé la course à l’IA générative fin 2022.
 
Le « moment Spoutnik de l’IA » 

Donald Trump a dit espérer que le choc suscité par l’application chinoise sera « positif » pour les entreprises américaines, forcées de se remettre en question sur leurs investissements faramineux, notamment dans les puces de pointe de Nvidia.
« Cela pourrait être positif », a-t-il dit. « Au lieu de dépenser des milliards et des milliards, vous dépenserez moins et avec un peu de chance vous parviendrez à la même solution ». Le chef de l’État a fait ce commentaire après une journée noire pour la tech américaine à Wall Street. 
Nvidia, qui a décollé ces deux dernières années grâce à la forte demande pour ses composants, a plongé en Bourse lundi. Le géant californien des semi-conducteurs nécessaires au développement de l’IA générative a vu son action sombrer de près 17 %.
Au cours de la séance, l’entreprise a perdu 589 milliards de dollars de capitalisation boursière, l’une des pires pertes de l’histoire selon la presse américaine. Le champion américain des puces a également perdu sa place de première capitalisation mondiale, derrière Apple et Microsoft.
Les capacités du nouveau modèle chinois, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent l’industrie parce qu’elles ont été obtenues à une fraction du coût. L’entreprise a par ailleurs déclaré avoir subi une cyberattaque lundi. Le chatbot a fonctionné normalement plus tard dans la journée.
« Deepseek R1 est le moment Spoutnik de l’IA », a déclaré Marc Andreessen, investisseur réputé dans la tech et allié de Donald Trump, établissant un parallèle avec le lancement en 1957 du premier satellite artificiel de la Terre par l’Union soviétique, qui avait stupéfié le monde occidental.
Les États-Unis ont pris des mesures pour préserver leur statut dominant dans l’IA, y compris des contrôles à l’exportation des semi-conducteurs de pointe.
 
Des droits de douanes sur les semi-conducteurs
Dans la même logique, Donald Trump a annoncé, lundi, que les États-Unis allaient imposer dans un « avenir très proche » des droits de douane sur les semi-conducteurs, mais aussi sur les produits pharmaceutiques et les métaux tels que l’acier.
S’exprimant devant des élus républicains à Miami, le président américain, qui agite constamment cette menace douanière depuis son retour au pouvoir le 20 janvier, a justifié une telle mesure pour « ramener la production de ces biens essentiels aux États-Unis ». 
« Si vous voulez arrêter de payer les taxes ou les droits de douane, vous devez construire votre usine ici en Amérique », a-t-il lancé à destination des entreprises étrangères.
« Je vais également imposer des droits de douane sur l’acier, l’aluminium et le cuivre, ainsi que sur les produits dont nous avons besoin pour notre armée », a-t-il encore ajouté.
Les droits de douane sont un élément clé du programme économique de Donald Trump pour obtenir des concessions y compris de partenaires proches comme le Canada, le Mexique ou l’Union européenne. 

Avec AFP

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