Comment des millions de mails de l’armée américaine se sont retrouvés au Mali

Une faute de frappe fréquemment faite par des salariés du Pentagone est à l’origine de cette fuite, dont certaines données sensibles.
 
 Une inattention qui aurait pu coûter très cher aux États-Unis. Depuis dix ans, une petite erreur de frappe s’est glissée dans des millions de mails envoyés par l’armée américaine. Une simple lettre oubliée : certains salariés tapaient « .ML » au lieu de « .MIL » pour le suffixe de l’adresse mail de leur destinataire. Résultat : ces messages arrivaient… au Mali.
 
Si la plupart des documents restent sans intérêt, certains sont sensibles : déplacements d’officiers de haut rang avec nombre de détails, informations médicales, documents d’identité, notes d’informations sur des menaces contre les intérêts des États-Unis à l’étranger venant du FBI… Le pire dans tout ça ? Les hautes instances étaient au courant depuis une dizaine d’années, selon le Financial Times.
 
 
Un entrepreneur néerlandais, administrateur du domaine national du Mali, a en effet plusieurs fois tenté de joindre l’état-major américain, mais les fuites ont continué. Alors qu’il avait abandonné la compilation de ces mails pendant quelques années, Johannes Zuurbier a recommencé en janvier. Au total, 117 000 courriers reçus depuis janvier, dont un millier en une journée, mercredi dernier.
 
Le Pentagone fait la sourde oreille
 
Alors l’entrepreneur a haussé le ton, inquiet, en envoyant une lettre au gouvernement, alertant : « Ce risque est réel et pourrait être exploité par des adversaires des États-Unis. » Et pour cause. Le contrat de Johannes Zuurbier a pris fin ce lundi 17 juillet. Le contrôle du domaine « .ML » est dorénavant directement géré par le gouvernement malien, un allié de la Russie. Avec cette erreur de destinataire, Bamako pourrait donc glaner de précieuses informations…
 
 Dans un communiqué, le Pentagone a assuré être « conscient de ce problème » et « prendre au sérieux toutes les divulgations non autorisées d’informations contrôlées relatives à la sécurité nationale ou d’informations contrôlées non classifiées ». Des directives ont été données, et le personnel formé pour renforcer la sécurité, assure-t-il.
 
Reste que l’état-major américain n’en est pas à sa première fuite : en avril dernier, il avait déjà été secoué par une affaire similaire.

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