Collomb ne veut pas de « point de fixation » à Calais

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a réaffirmé vendredi son refus de voir se créer des « points de fixation » pour les migrants en France lors d’une visite à Calais, où la situation des exilés qui veulent se rendre au Royaume-Uni est critiquée par le Défenseur des Droits et des associations. Le nombre de migrants dans cette ville du nord de la France est estimé à 400 à 600 personnes par le Défenseur des Droits, Jacques Toubon. Ils étaient jusqu’à 8.000 avant le démantèlement de la « jungle » en octobre dernier.

« Nous ne voulons pas qu’il y ait de point de fixation qui ferait qu’à long terme on retrouverait 7.000 personnes qui soient installées ici, ce qui est totalement insupportable, qui comme vous le savez n’est bien ni pour les migrants, ni pour les habitants de Calais, ni pour la vie économique », a dit Gérard Collomb. Il a évoqué la mort d’un conducteur de camion dont le véhicule a heurté des troncs d’arbre placés sur la route par des migrants prêts à tout pour passer au Royaume-Uni.

« Ce qu’il s’est passé il y a quelques jours, avec finalement un mort, un chauffeur polonais du fait des branchages, des troncs d’arbres, mis sur les routes, c’est quand même terrible, ça ne peut pas se reproduire. Ça aussi ça fait partie des droits de l’Homme et moi, un mort polonais, excusez-moi, je trouve que c’est un mort de trop », a ajouté le ministre. Il a toutefois rappelé que le président Emmanuel Macron avait demandé dans proposer dans les 15 jours « un plan qui nous permettrait de traiter le problème de l’asile de manière plus facile qu’aujourd’hui » afin de traiter les demandes rapidement.

Le Défenseur des Droits, qui a déploré les conditions de vie des migrants à Calais dans une décision publiée jeudi, a une nouvelle fois appelé vendredi au respect des droits « insurpassables » des personnes ayant dû quitter leur pays. « Le droit à être à l’abri, le droit à la nourriture, le droit à la boisson, le droit à ne pas être traité de manière inhumaine, à ne pas être exploité sexuellement, etc. sont des droits de base pour l’ensemble de l’humanité, par seulement pour quelques personnes privilégiées », a-t-il déclaré sur RTL. « Et ça, pour y arriver, il faut donner (…) un certain nombre de prestations qui sont susceptibles de répondre à ces droits, et par exemple, à la base, de l’eau et de la nourriture.

Il a souligné qu’à ses yeux, la migration était « un phénomène absolument irréversible ». « C’est une des données du monde de demain », a-t-il ajouté. « Ces personnes ont une égale dignité humaine, une égalité en droits avec toutes les personnes qui vivent à la surface de la terre. L’obligation, légale, (…) je ne dis pas morale, (…) de la France, est de leur accorder un certain nombre de droits.

Il faut trouver le moyen de le faire, que ce soit à Calais ou que ce soit ailleurs. » Le gouvernement a donné des instructions pour garantir un traitement plus humain envers les migrants, a déclaré jeudi son porte-parole Christophe Castaner, en réponse aux accusations d’associations qui dénoncent, comme Jacques Toubon, un harcèlement des migrants par les forces de l’ordre.

(Pierre Savary, avec Danielle Rouquié et pool, édité par Yves Clarisse)

 

Reuters

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