Une carence en vitamine A (CVA) peut être la cause de cécité, mais aussi de morbidité infectieuse avec possibilité de décès. La carence en vitamine A est un problème de santé publique. Des interventions à travers la mise en place de programmes de lutte contre la CVA, un suivi régulier et des évaluations périodiques à l’aide d’indicateurs fiables, facilement accessibles deviennent une nécessité, selon le professeur Saliou Diouf.
Pour le pédiatre nutritionniste, la prévention nécessite de multiples actions intégrées dont la supplémentation en vitamine A, mais surtout la promotion d’une bonne alimentation.
Il s’est exprimé dans le cadre d’une session intensive d’une série de modules de formation sur la nutrition infantile qui se tient à Dakar pour deux jours.
En effet, le programme « Faire la différence dès le plus jeune âge » a pour objet de renforcer les journalistes africains en matière de nutrition infantile ; un enjeu clé pour la santé des enfants africains.
Il faut noter que la carence en vitamine A est passée de 14,4 % à 12,1 %, entre 2018 et 2020, chez les enfants de moins de 5 ans. Ce pourcentage est bien en dessous du seuil des 40 % définis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La carence en vitamine A est classée comme un problème de santé publique modéré, selon les critères de l’OMS.
La carence en vitamine A, par ses manifestations oculaires, cause la plus répandue de cécité et a été reconnue comme la principale cause de cécité chez les enfants depuis les années 50. Malgré les signes cliniques, elle est à l’origine d’une augmentation du taux de mortalité à hauteur de 25 % à 30 %. Elle est source de vulnérabilité de certaines maladies comme la diarrhée, la rougeole, la malnutrition, mais aussi, et surtout le décès des enfants.
Possibilité de prendre les devants
Compte tenu de la gravité de la carence en vitamine A, prendre les devants devient un impératif, selon le Pr. Diouf. Il recommande d’ailleurs la promotion de l’allaitement maternel, mais aussi la promotion des bonnes pratiques de diversification alimentaire, l’amélioration de la disponibilité des aliments riches en vitamine A (viande, foie, produits laitiers, les œufs, les fruits et légumes verts, carotte, huile de palme). Il invite aussi à la lutte contre les maladies infectieuses avec la prise de mesures de santé publique (vaccination, hygiène, assainissement…).
Sur le même volet, le spécialiste explique que la fortification des aliments en vitamine A peut être d’un très grand apport. Cet enrichissement se fait après avoir vérifié si les aliments consommés par la population sont riches en vitamine A.
Quelle alimentation pour se fortifier en vitamine A
S’agissant de l’alimentation à adopter, il faut manger recommande le Pr. Diouf, des rations équilibrées d’origine animale comme le beurre, le fromage, le jaune œuf, du lait, du foie d’animaux, abats, quelques poissons, foie de poisson. « Les carotènes jouent le rôle de provitamines A différentes sortes, l’un d’eux, appelé ? carotène, constitue la source la plus importante de vitamine A dans les régimes africains », dit-il.
Poursuivant, il atteste que « les aliments de sources végétales comme l’huile de palme, divers fruits et légumes comme les mangues, les papayes, les tomates et les carottes, la courge en contiennent de bonnes quantités, légumes feuilles (Moringa oleifera). Les patates douces jaunes sont aussi d’un grand apport ».
Et d’ajouter que « la transformation de ces carotènes en vitamine A se fait dans la paroi de l’intestin. Les parasites intestinaux comme les ascaris giardia ont tendance à diminuer l’aptitude de transformer le carotène en vitamine A ».