Au Cameroun, cela fait, ce dimanche 6 novembre, quarante ans, jour pour jour, que Paul Biya est président de la République. Il y a quarante ans, il recevait le pouvoir de son prédécesseur démissionnaire Ahmadou Ahidjo. En quatre décennies, Paul Biya, âgé aujourd’hui de 89 ans, a été proclamé vainqueur des sept élections présidentielles que le pays a connu depuis 1982. Il est à mi-parcours de son septième mandat qui court jusqu’en 2025.
Une date anniversaire à fêter ou à regretter pour les uns, un non-événement pour les autres.
C’est le parti de Paul Biya qui en fait, ce dimanche, une journée de célébrations. Le RDPC a demandé à ses sections locales d’organiser « avec faste » meetings et manifestations publiques sur le territoire. Un grand rassemblement organisé à Yaoundé devant l’hôtel de ville.
Le secrétaire général du RDPC, Jean Nkuete, a placé cette journée sous le thème du renforcement de la mobilisation derrière Paul Biya. Le parti majoritaire a en tête les futures échéances électorales, à savoir les sénatoriales attendues l’an prochain et la présidentielle de 2025.
Une longévité au pouvoir diversement appréciée
Quarante ans de présidence, c’est aussi un bilan et une longévité diversement appréciée qui suscitent inévitablement commentaires et prises de position politiques.
Ainsi, on a pu lire dans le journal gouvernemental Cameroon Tribune des pages entières de messages de félicitations adressées par des chefs traditionnels, des parlementaires ou encore le président de la Commission nationale anti-corruption (Conac).
Des documentaires, des débats, des ouvrages sur le « phénomène Biya » retraçant son parcours, décryptant les clefs de sa longévité… Ses partisans lui attribuent la paternité de la stabilité du Cameroun sur le temps long. « Le Cameroun est un pays de paix », répètent-ils. Une paix, toutefois, que ne connaît pas une partie de la population dans l’Extrême-Nord touché par Boko-Haram et dans les deux régions à majorité anglophone du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Sur le plan social et économique, le parti met en avant, entre autres, des constructions d’écoles, d’hôpitaux ou encore de routes, ces quatre décennies passées.
Les opposants pointent « un potentiel inexploité », « une industrie embryonnaire » et des infrastructures encore « insuffisantes » pour répondre aux besoins de base.
De son côté, l’organisation « Tournons la Page » dénonce une « corruption endémique et institutionnalisée » et une longévité qui « a pesé sur le développement du pays ».