Le nouvel homme fort du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’Etat le 30 septembre, a été investi vendredi président de transition par le Conseil constitutionnel, a constaté l’AFP.
C’est le deuxième putschiste que le Conseil constitutionnel investit en huit mois, après la prestation de serment du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat fin janvier, avant d’être lui-même renversé le 30 septembre.
« Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, la charte de la transition et les lois » du Burkina, a déclaré, main droite levée, M. Traoré en prêtant serment devant le Conseil constitutionnel.
« Le Conseil prend acte de votre serment (…) et vous renvoie à l’exercice de vos fonctions », a indiqué le président par intérim du conseil constitutionnel, Bouraima Cissé.
Selon la charte de la transition adoptée la semaine dernière, la transition doit s’achever en juillet 2024 avec la tenue d’une élection présidentielle à laquelle M. Traoré ne pourra pas participer.
« L’existence de la nation est en péril », a déclaré M. Traoré après son investiture, en référence aux attaques jihadistes récurrentes qui minent le pays.
« Nous sommes confrontés aune crise sécuritaire et humanitaire sans précédent. Nos objectifs ne sont autres que la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes », a-t-il ajouté, vêtu d’un treillis de combat ceint d’une écharpe aux couleurs du Burkina, la tête coiffée d’un béret rouge et d’un masque laissant apparaître seulement ses yeux.
– « Recadrage de la transition » –
La cérémonie de vendredi s’est tenue devant les représentants des corps constitués, de l’armée, et des « forces vives » du pays. Aucun représentant étranger n’a assisté à la cérémonie de prestation de serment qui s’est tenue dans une petite salle du Conseil constitutionnel.
Quelques heures avant la prestation de serment, l’accès au Conseil était filtré par un important dispositif des forces de sécurité autour du siège de l’institution à Ouagadougou, a constaté un journaliste de l’AFP.
Cette investiture était prévue par la charte de la transition adoptée la semaine dernière par les assises nationales, rassemblant les forces vives du pays, ayant désigné à l’unanimité le capitaine Traoré, « président de la transition, chef de l’Etat, chef suprême des forces armées nationales ».
La charte prévoit par ailleurs la mise en place prochaine d’une assemblée législative de 71 membres et un gouvernement de 25 ministres.
Le 24 janvier, des militaires emmenés par le lieutenant-colonel Damiba et regroupés au sein d’une junte appelée Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), avaient renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’incapacité face aux attaques jihadistes qui se sont multipliées au Burkina.
Mais ces attaques n’ont pas cessé en huit mois et, face à la dégradation constante de la situation, un nouveau putsch a eu lieu le 30 septembre, qui a porté au pouvoir le capitaine Traoré.
« Depuis le 24 janvier, jusqu’au 30 septembre, nous avons constaté des dérives qui ont conduit à un recadrage de cette transition », a résumé vendredi le capitaine Traoré dans son allocution.