Le président burkinabè limoge le ministre de la Défense. On l’a appris par deux décrets lus lundi 12 septembre dans la soirée à la télévision nationale.
Barthélémy Simporé est remercié et c’est le président de transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba qui récupère le portefeuille. C’est le premier remaniement depuis la nomination du gouvernement de transition en mars. Il acte le manque d’amélioration de la situation sécuritaire.
Quelque 40% du territoire burkinabè est hors de contrôle de l’État. Les attaques se multiplient ces derniers jours. Lundi encore, deux soldats ont perdu la vie dans une attaque qualifiée de « complexe » contre un détachement militaire dans la province de l’Oudalan, dix assaillants ont été tués, selon l’armée.
La semaine passée, 35 civils avaient péri après l’explosion déclenchée à distance d’une bombe au passage de leur convoi, entre Djibo et Bourzanga. C’était d’ailleurs la dernière prise de parole du général Simporé. Le désormais ex-ministre de la Défense évoquait alors « la nature perfide et cynique des groupes armés terroristes ». On pourrait y voir un aveu d’impuissance.
En tout cas, le président Damiba a tranché. Le chef de la junte à Ouagadougou dressait pourtant il y a encore quelques jours un bilan plutôt positif de la lutte anti-jihadistes. Mais ses propos prononcés lors d’un déplacement à Dori, chef-lieu de la région du Sahel, ont vite été ternis par la réalité du terrain.
Fin août, les populations du Sahel avaient manifesté pour dénoncer ce qu’elles appellent « l’incompétence des autorités ». Le président de la transition en a semble-t-il tiré les conséquences. Il est donc dorénavant aussi ministre de la Défense. À ses côtés, le colonel-major Silas Keïta est ministre délégué et promu général de brigade.
Barthélémy Simporé, un ministre de l’époque Kaboré
Le colonel-major Simporé avait été nommé ministre délégué à la Défense, fin juin 2021, par le président d’alors, Roch Marc Christian Kaboré. Il avait été promu général de brigade puis ministre de la Défense en octobre de la même année. Au moment du putsch militaire de janvier 2022, Barthélémy Simporé a été en contact avec certains mutins. Il avait pris la parole le dimanche pour affirmer que tout était sous contrôle. Dans un premier temps, il a été placé aux arrêts, avant de faire son retour dans le gouvernement de transition annoncé début mars 2022. Il devient alors ministre d’État à la Défense et aux Anciens combattants.
Avant sa nomination, en 2021, par le président déchu Kaboré, il dirigeait le Centre national d’études stratégiques du Burkina Faso.
RFI