Un imam et trois autres anciens d’un village du Bangladesh ont été arrêtés pour avoir ordonné la bastonnade et la lapidation d’une femme accusée d’adultère, a annoncé la police.
Selon la police, la semaine dernière Hamida Sultana a reçu 82 coups de bâton et 80 jets de pierres en vertu d’une fatwa décrétée par l’imam de la mosquée du village de Habiganj, dans le nord-est du pays, pour la punir.
Mme Sultana s’est dite « victime d’une terrible injustice ».
« Je ne peux pas exprimer avec des mots ce qu’ils m’ont fait subir », a déclaré à l’AFP la jeune femme de 30 ans.
Cette fatwa a déclenché un tollé parmi les féministes et les défenseurs des droits humains qui ont organisé des manifestations et exigé que les coupables soient traduits en justice.
« Ils ont agi comme des gens du Moyen-Âge », a déclaré à l’AFP Fauzia Moslem, présidente de la plus importante organisation de défense des droits des femmes du pays.
« C’est de la barbarie. Le système juridique du Bangladesh autorise les conseils locaux arbitraires mais ne leur permet pas de punir qui que ce soit pour quelque infraction que ce soit », a-t-elle expliqué à l’AFP.
Le Bangladesh, pays d’Asie du Sud de 170 millions d’habitants, est très majoritairement musulman mais son système juridique est laïc et l’application de la charia dans les affaires pénales est illégale.
Selon l’inspecteur de police Zakir Hossain, quatre personnes ont été arrêtées, dont l’imam de la mosquée, dès que Mme Sultana a déposé une plainte au pénal contre 17 personnes à la suite de son agression.
« Le conseil du village a ordonné la bastonnade et la lapidation au nom de la charia car Mme Sultana a été accusée d’adultère. Les liaisons extraconjugales sont strictement interdites par l’islam », a rappelé l’inspecteur de police à l’AFP.
Les anciens du village « ont dit que cela l’absoudrait de son péché et rachèterait son honneur », a-t-il ajouté.
Le mari de la victime, Anwar Mia, qui travaille au Sultanat d’Oman, est rentré auprès de son épouse, a précisé le policier, « il demande également justice pour ce qui est arrivé à sa femme ».
Il y a plusieurs décennies, les conseils de village des zones rurales du Bangladesh appliquaient la charia et punissaient les femmes musulmanes accusées d’adultère ou de liaisons.
Dans un arrêt de 2011, la Cour suprême du Bangladesh a autorisé l’émission de fatwas, mais en a interdit l’application.
Cette décision autorise bien le respect volontaire de la loi islamique, mais interdit toute forme de sanction au nom de la charia par les religieux ou les conseils de village.