CHRONIQUE DU JOUR: Depuis le début de la pandémie, on ne peut pas compter le nombre de morceaux qui ont été chantés avec pour thème principal le Coronavirus.
Dans toutes les langues, sous tous les rythmes, à toutes les sauces le virus a été loué, non pour faire ses louanges, mais pour qu’il ne fasse pas les dégâts qu’on, sait qu’il est capable de causer. Ce qui démontre un engagement sans faille et sans arrière-pensée. La seule chose qui les intéresse est de jouer leur rôle et de contribuer au combat contre le virus.
Depuis le mois de mars, les artistes ont fait de leur mieux pour sensibiliser les populations à adopter les gestes barrières et les gestes qui sauvent. Chacun y est allé en mettant son talent, ses compétences et ses réseaux au service de la cause unique qui unit tout le peuple sénégalais. Ils ont essayé tant bien que mal de jouer leur partition sans rien attendre de l’Etat, misant sur leur capacité à créer et à se faire entendre. A ce jour, aucun d’entre eux n’a reçu, à ma connaissance, de financement pour faire sa production et aucun d’entre eux n’a mis sa production en vente ou n’a cherché à générer des ressources. Au contraire, ils ont mis leurs propres ressources pour participer à la lutte.
Certains mêmes sont allés jusqu’à donner leur temps pour aider les populations à vivre mieux leur semi-confinement en leur offrant des concerts via les chaines de télévision ou par le biais de leur page sur les réseaux sociaux. Un exemple de solidarité que nécessairement certains vont critiquer – ce qui n’est pas une surprise – mais que d’autres vont apprécier et suivre de façon assidue. Mais c’est le pays qui fonctionne comme ça. Quoi qu’on fasse, il y a toujours quelqu’un qui dit que tu ne devais pas le faire, ou que tu ne devais pas le faire de cette façon.
Ceci n’est pas une exception sénégalaise. Dans d’autres pays où le confinement est plus strict, également, beaucoup d’artistes essaient d’assister les personnes confinées chez elles, n’ayant pas de possibilité de sortir, en leur jouant par exemple de la musique à partir de leur balcon. Ce qui serait certainement critiqué dans le cadre spécifique de notre pays où il existe d’autres réalités qui sont différentes de celles de l’Occident. Mais ici, les artistes ont profité de leur chômage technique pour se mettre au service de la population en peignant des fresques de sensibilisation ou en prêtant leur voix à travers des morceaux qui évoquent la nécessité de se protéger et de protéger les autres.
Ce qui est une chose louable, même si au finish, la redondance risque de finir par lasser, puisque depuis le début du mois d’avril, au moins une centaine de chanson ont été faites, avec le même message (ce qui n’est pas mauvais en soi, la répétition est pédagogique), mais les messages sont dits de la même façon sans qu’on voie une évolution dans la recherche et la créativité, du moins dans le texte. Tous les textes disent la même chose, de la même façon. Mais on peut aussi comprendre par-là que les artistes ont travaillé seuls, chacun dans son coin, ne sachant pas forcément ce que l’autre fait pour éviter de le reprendre. En tout état de cause, il y a toute une discographie qu’on peut remarquer en cette période où la communication est essentielle. Et la diversité des artistes, des langues et des styles fait aussi que chacun peut y voir son compte.
Heureusement, on note que certains essaient de sortir du lot en suivant l’actualité et en insistant, par exemple, sur le « Tok sa keur » ou rester chez soi. Beaucoup de conseils qui, s’ils sont suivis, permettront au pays de vaincre la pandémie.
Bravo les artistes.
Mamadou DRAME
GMS