CHRONIQUE DU JOUR : Beaucoup de masques sont sur le marché, aussi exotiques les uns que les autres. Certes ils protègent les personnes contre le virus mais quand on les enlève, on voit des visages d’individus pires que le virus qui profitent de la maladie pour abuser leurs concitoyens.
Ces jours-ci, on verra des masques qui tombent, on en verra bien et on en verra encore plus. Les masques vont continuer à nous masquer et à masquer nos visages étant les seuls remparts contre cette saleté qui nous menace et qui semble étaler ses tentacules chaque jour un peu plus. Mais le masque va révéler la personnalité de plusieurs d’entre nous qui profitons de toute situation pour en tirer, sans le moindre scrupule, le plus grand parti.
Les masques coûtent cher nous disait-on. Nous n’avions pas les moyens de nous en procurer nous donnait-on comme justification pour nous donner bonne conscience et justifier pourquoi nous n’en portions pas. Parfois même, on est allé jusqu’à nous dire que les masques ne servaient à rien si on n’était pas malade avant de revoir la copie et recommander le port systématique du masque. Quoi de plus normal qu’on ait l’impression de faire face à des tergiversations quand on connait le caractère nouveau, changeant de la maladie qui montre chaque jour un visage nouveau au point que les médecins sont eux-mêmes pris de court parfois.
Les masques, oui les masques, qu’ils soient chirurgicaux ou de simple tissu, l’essentiel est qu’ils nous protègent et nous aident à protéger les gens avec lesquels nous sommes en contact. Heureusement que nos tailleurs ont du talent et ont su se recycler. A défaut d’avoir des tenues à confectionner pour la fête de la Korité, ils ont pu confectionner des masques par milliers pour permettre à chacun d’en avoir à sa portée. Ces masques, chacun les portera à façon. Certains correctement, d’autres sous le menton. Quelques-uns les mettront dans leur poche. Ils seront de plusieurs couleurs, et de plusieurs formes. On utilisera divers matériaux et tissus. L’important est de montrer qu’on en a. Et, malgré l’abondance des masques, beaucoup d’entre nous ne les portent pas pour se protéger et protéger leurs proches mais pour échapper au contrôle de police ou de gendarmerie. Dommage qu’on ait besoin d’avoir quelqu’un qui nous oblige à prendre soin de notre propre santé.
Beaucoup d’aventuriers se sont mis dans le business, ayant senti qu’il y avait une manne financière à gagner, s’improvisant couturiers et déclarant urbi et orbi que leurs masques respectaient des normes qu’eux-mêmes ignorent. Les spéculateurs se sont même permis de gonfler les prix ayant compris que la pandémie était une occasion rêvée de se faire des bénéfices en misant sur la peur, la pénurie et la crédulité des gens. Les généreux donateurs ont fait confectionner des masques pour les distribuer gratuitement mais en insistant sur le fait que leurs bonnes actions devaient être exécutées sous l’œil bienveillant des caméras et l’objectif des appareils photo.
Certains hommes politiques, masqués jusqu’au menton ont aussi trouvé une aubaine pour se refaire une santé auprès des militants en donnant, par-ci par-là des masques aux populations, passant pour les samaritains, et jouant à ceux qui n’ont jamais cessé d’être aux côtés des populations qui ne les avaient plus revus depuis la dernière campagne électorale. Ils vont ainsi avoir une occasion rêvée de jouer aux gentils ayant en ligne de mire les prochaines élections municipales qui se profilent à l’horizon. De l’autre côté, certains vont prier pour que l’épidémie s’étende le plus possible, qu’il y ait plus de malades et de morts pour avoir ces choses à dire et à redire, oubliant que « ay du yem si boppu borom ». Ainsi à chacun sa façon de profiter du malheur.
Mamadou DRAME
GMS