Le Hezbollah libanais a promis mercredi de poursuivre ses opérations de soutien au Hamas palestinien et de punir Israël, au lendemain d’une attaque sans précédent qui l’a visé à travers le Liban.
Mardi, des explosions simultanées de bipeurs, un système de radiomessagerie utilisés par le mouvement islamiste pro-iranien, ont fait douze morts, dont deux enfants, et entre 2.750 et 2.800 blessés, selon un nouveau bilan mercredi du ministre de la Santé libanais.
Firass Abiad a déclaré qu’un peu moins de 300 blessés se trouvaient dans une « situation critique ». Certains ont été transférés en Syrie et d’autres seront évacués en Iran, a-t-il dit.
Israël n’a pas commenté ces explosions, survenues dans plusieurs places fortes du Hezbollah –dans la banlieue sud de Beyrouth, le sud et l’est du Liban– quelques heures après l’annonce par ce pays qu’il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.
En visite au Caire, le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, a démenti mercredi des informations selon lesquelles les Etats-Unis auraient été impliqués ou au courant préalablement des explosions.
Dès le lendemain du début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front à la frontière avec Israël disant soutenir le Hamas. Depuis, les échanges de tirs meurtriers sont quasi quotidiens, entraînant le déplacement de dizaines de milliers d’habitants des deux côtés de la frontière.
– « Indescriptible » –
Le Hezbollah a accusé Israël d’en être « entièrement responsable », prévenant qu’il allait « recevoir son juste châtiment ».
Il a réaffirmé mercredi qu’il « continuera » à mener des opérations de soutien à Gaza malgré cette attaque sans précédent.
Le chef du Hezbollah doit s’exprimer jeudi à 17H00 (14H00 GMT). Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a estimé que ces explosions devraient faire « honte » à l’Occident qui « soutient pleinement les crimes (…) du régime sioniste ».
Hussein, propriétaire d’un magasin à Tyr, dans le sud du pays, a raconté qu’il était assis dans son magasin mardi lorsqu’il a entendu une explosion proche.
Un homme « est tombé à terre et a commencé à crier. Plus de dix personnes se sont effondrées et personne ne savait ce qui se passait, nous avons regardé le ciel (en nous demandant) d’où venaient les frappes? Mais il n’y avait pas d’avion ».
Lorsqu’il est arrivé à l’hôpital, il parle de scènes « indescriptibles ». « Une personne avait perdu une main, une autre avait le visage couvert de sang (…) Il y avait du sang partout ».
Parmi les morts figure le fils d’un député du Hezbollah.
L’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a été blessé, selon la télévision iranienne.
Le ministre de l’Education libanais, Abbas Halabi, a annoncé mercredi la fermeture des écoles et des universités.
Une source proche du mouvement libanais a indiqué à l’AFP que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils », qui semblent avoir été « piratés à la source ».
« D’après les enregistrements vidéo (…), un petit explosif de type plastic a certainement été dissimulé à côté de la batterie (des bipeurs) pour un déclenchement à distance via l’envoi d’un message », a estimé sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute.
– « Infiltration » –
Pour lui, « le Mossad (service de renseignement extérieur israélien) a infiltré la chaîne d’approvisionnement ».
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné mercredi les « attaques » aux bipeurs, se disant « extrêmement préoccupé » par la situation. L’ONU a déploré mardi une « escalade extrêmement inquiétante ».
Israël a annoncé le même jour sa décision d’étendre les objectifs de la guerre jusqu’à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés dans le nord d’Israël.
Les principaux objectifs affichés jusqu’à présent étaient la destruction du Hamas –au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’Israël considère comme une organisation terroriste de même que l’Union européenne et les Etats-Unis– et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.
L’armée israélienne a dit mercredi avoir frappé la veille une infrastructure « dans laquelle opéraient des terroristes » à Majdal Selm, dans le sud du Liban, et dans la nuit d’autres « sites » du Hezbollah dans cinq secteurs sud du pays.
– « Meilleure chance » –
Dans ce contexte très tendu, M. Blinken a déclaré au Caire qu’un cessez-le-feu était « la meilleure chance de faire face à la crise humanitaire à Gaza et aux risques pour la stabilité régionale ».
Après des mois de négociations infructueuses, Washington travaille avec les médiateurs, le Qatar et l’Egypte, pour finaliser une proposition d’accord susceptible de convenir aux deux parties.
Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas, ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.
Sur les 251 personnes enlevées pendant l’attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée.
Plus de 41.272 Palestiniens ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU.
Déclenchée depuis bientôt un an, la guerre ne connait pas de répit dans le territoire palestinien, assiégé et frappé par une catastrophe humanitaire.
Selon la Défense civile de Gaza, au moins cinq personnes ont été tuées mercredi par une frappe aérienne israélienne sur l’école Ibn al-Haytham, transformée en refuge pour déplacés, dans un quartier de l’est de Gaza-ville (nord).
L’armée a confirmé la frappe, affirmant que les combattants du Hamas utilisaient l’école « pour planifier et mener des activités terroristes ».
Quatre soldats ont été tués dans des combats mardi à Gaza, a indiqué en outre l’armée, ajoutant que six autres avaient été blessés, dont trois grièvement.