À KINSHASA : Un opposant politique jugé… sur son lit d’hôpital

Scène insolite mardi 20 février dans la clinique de Ngaliema, à Kinshasa : un tribunal au grand complet s’est rendu dans la chambre d’hôpital du député d’opposition Gérard « Gecoco » Mulumba, poursuivi par la justice congolaise pour « offense au chef de l’État ». Raillées et critiquées, les photos du procès ont été partagées massivement sur les réseaux sociaux.

Ce membre de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), parti historique de l’opposition en RD Congo, y a été jugé pour « offense au chef de l’État », trois mois après son arrestation à l’aéroport international de Ndjili, à Kinshasa, par les forces de sécurité congolaises. Selon son avocat Me Léon Ngombwa, il s’agirait d’un « acharnement du pouvoir, qui veut le faire condamner par tous les moyens à travers un procès qui n’en est pas un ».

Détenu en secret depuis son arrestation, il a dû être transféré le 19 janvier dernier dans une clinique de la capitale à cause d’une maladie rénale grave. Au début du mois de février, son avocat a reçu une ordonnance du parquet autorisant son client à « suivre des soins dans un centre hospitalier approprié ». Une ordonnance qui n’a toujours pas été respectée par les autorités, qui ont choisi de le maintenir dans les locaux de la clinique de Kinshasa.

Gérard « Gecoco » Malumba a donc comparu sur son lit d’hôpital, le tribunal ayant fait le déplacement. Sur les photos, on peut le voir allongé, entouré de magistrats. Les réactions sur les réseaux sociaux n’ont pas tardé, certains condamnant l’acharnement des autorités congolaises.

« C’EST ILLÉGAL DE JUGER UNE PERSONNE SUR SON LIT D’HÔPITAL »

Francis Visso est juriste à Kinshasa. Selon lui, cette pratique est illégale.

« C’est la première fois qu’un procès de ce genre a lieu. Normalement, les procès se font dans des salles d’audience ou des salles spécialisées lors d’affaires pénales. C’est illégal de juger une personne sur son lit d’hôpital, alors qu’elle est en état de faiblesse. « Gécoco » Mulumba est clairement victime d’acharnement. Avant même le jugement, qui devrait être prononcé le 22 février, on sait qu’il sera condamné. Cette mise en scène est une parodie de justice qui s’apparente davantage à un procès politique.

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