73 tirailleurs sénégalais sont enterrés dans cette petite ville du Gers, mais ils ne sont pas morts au combat

Une petite ville du Gers célèbre chaque année des dizaines de tirailleurs sénégalais enterrés sur place. Ils ont été décimés. Mais pas au front…

Le samedi 28 septembre 2024, la ville de Lectoure (Gers) rendra hommage à ses tirailleurs sénégalais. Ils sont 73 à être enterrés dans cette petite ville. Ils ont même, chose rare, un carré militaire qui leur est dédié. Mais savez-vous pourquoi ?

Comme chaque année depuis 2001, Lectoure se mobilise pour honorer et commémorer les?soldats africains venus se battre pour la libération de la France pendant la Grande Guerre. Que faisaient-ils dans le Gers ? Comment sont-ils morts ? C’est une histoire à la fois triste et originale.

Dans le Gers pour s’acclimater…
 

Depuis le début de la Grande Guerre, les unités de tirailleurs sénégalais subissaient de très lourdes pertes. Au point que le commandement a décidé de faire venir des renforts d’Afrique. En 1918, des lieux de stationnements étaient ainsi crées dans le Sud-Ouest pour permettre aux nouvelles recrues de s’acclimater avant de monter au front…
Deux Bataillons de tirailleurs sénégalais (BTS) poseront leur paquetage à Lectoure. Les travaux d’infrastructure sont entrepris par des travailleurs Annamites puis par le 13e Bataillon malgache et le 84e Bataillon de tirailleurs sénégalais. En août 1918, le 141e BTS, débarque aussi d’Afrique et prend garnison à Lectoure pour s’y entraîner et s’acclimater. Mais tout ne se passe pas comme prévu…

Beaucoup de morts
 

L’hiver est très rude et le camp précaire. Alors que le Grande Guerre s’achève, les soldats restent dans le Gers. Et lorsqu’en avril 1919, ils quitteront la ville, ils laisseront leurs malades derrière eux à l’hôpital. Beaucoup de malades. Entre août 1918 et août 1919, 73 tirailleurs sont morts de maladies diverses, dont la terriblement fameuse Grippe espagnole, et inhumés sur place au cimetière Saint-Esprit dans cette ville d’un peu moins de 4 000 habitants.
Le premier inhumé fut Koinenga Beidary, le 1er août 1918, le dernier fut le caporal Lene Pebe le 27 août 1919. Ils venaient du Sénégal, mais aussi du Congo, de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Soudan…

Un monument devant le château des comtes d’Armagnac
 

En 1935, un cimetière militaire sera créé dans la ville. Avant de tomber dans l’oubli jusque dans les années 1950. En 2001, le Souvenir Français, en liaison avec la municipalité, restaurait complétement les lieux et érigeait un monument avec un mât des couleurs : c’est le Carré militaire des tirailleurs sénégalais.
Depuis, la mémoire historique est entretenue deux fois par an notamment à l’occasion du 11-Novembre. Une stèle a même été érigée en l’honneur et en souvenir du 141e bataillon de tirailleurs sénégalais en septembre 2022 devant l’ancien château des comtes d’Armagnac transformé en hôpital de campagne.

Le Consul général du Sénégal sur place
 

« La cérémonie de cette année s’inscrit dans la continuité de la fraternité d’arme et l’itinérance mémorielle. Elle verra la participation de monsieur le Consul général du Sénégal à Bordeaux, Abdoulaye Diallo », précise la mairie.
Le 30 août dernier, Xavier Ballenghien, maire de Lectoure, s’était rendu au consulat du Sénégal à Bordeaux pour échanger avec le consul et les membres de l’association UTSF-Gironde. C’était la première visite officielle d’une autorité lectouroise à Bordeaux.

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